Ce printemps 2020 restera longtemps dans les annales. Des milliards de personnes ont été contraintes au confinement, et les élèves et étudiants français n’ont pas échappé à la règle. La crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus a rendu impossible l’organisation des examens finaux de tous les diplômes. Pour certains, tels que le brevet des collèges, le bac, les CAP ou encore les BTS, l’évaluation finale s’est faite sur la base du contrôle continu. Pour les diplômes de l’enseignement supérieur, les modalités ne sont pas encore fixées : examens en ligne, devoirs à la maison, contrôle continu…
Mais qu’en est-il de la valeur de ces diplômes, obtenus dans des conditions particulières à l’issue d’une année incomplète ? Les futurs employeurs leur accorderont-ils autant de valeur qu’à ceux obtenus les autres années ?
Un autre regard sur les diplômes
Le diplôme a longtemps été un critère déterminant pour l’embauche des nouveaux entrants sur le marché du travail. S’il n’est pas l’unique critère de sélection des employeurs puisqu’on trouve encore des offres d’emplois sans diplômes, il reste très importanr. Dans le contexte actuel, l’évaluation des diplômes en 2020 est différent. En fait, le changement est amorcé depuis plusieurs années déjà.
Les recruteurs accordent moins d’importance qu’auparavant aux diplômes obtenus. Dans un monde en constante évolution, ils se concentrent davantage sur l’expérience et les compétences humaines des candidats.
C’est déjà le cas pour plus de 40% d’entre eux, d’après une enquête effectuée par Pôle Emploi en 2018. Cette année, ils s’intéresseront plus encore à l’ensemble du cursus des postulants, en tenant compte notamment des stages effectués au cours de leurs études.
Les diplômés de cette année ne devraient donc pas être pénalisés lors de leurs futures recherches d’emploi. Pour convaincre les employeurs, ils pourront mettre en avant la richesse de l’ensemble de leur parcours, et s’appuyer sur leur savoir-être autant que sur leurs acquis académiques.
Vers une dévalorisation des diplômes obtenus en 2020 ?
Pour certaines organisations étudiantes, l’heure est à l’inquiétude. D’autant plus que les modalités de passage des examens restent encore floues. La plupart des universités françaises n’ont, à ce jour, pas les moyens d’organiser des partiels en ligne dans des conditions acceptables. Le risque de fraude élevé risque de rendre les diplômes suspects aux yeux des recruteurs. Et, que va-t-il se passer pour les presque 30% d’étudiants qui, selon l’Unef, ne bénéficieraient pas d’un accès satisfaisant à Internet ?
Face à cette situation, des voix s’élèvent pour demander que la note de 10/20 soit attribuée par défaut à tous les étudiants pour le second trimestre. D’autres, à l’instar de l’organisation étudiante Uni, estiment que cela représenterait une atteinte supplémentaire à la légitimité des diplômes auprès des recruteurs.
Pour les diplômes accordés sur la base du contrôle continu, la question de la légitimité se pose également.
D’un établissement à l’autre, et même entre deux professeurs du même lycée, les notes attribuées à une copie peuvent être très différentes. Comment, dans ces conditions, ne léser aucun élève ? Des commissions se sont réunies dans les rectorats pour tenter d’harmoniser aux mieux les notes. Le taux de réussite record du bac 2020 (91,5% de bacheliers avant même les rattrapages) laisse penser qu’elles ont décidé de donner leur chance à un maximum d’élèves.
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